L'esthétique épurée des intérieurs traditionnels japonais a son origine dans le Taoisme, arrivé au Japon avec le boudhisme Zen. Selon le principe du Wu-Wei, ou principe d'action par la non action décrit dans le Tao Te King, le vide a, au sein d'une oeuvre d'Art, au moins autant d'importance que les formes esquissées par l'artiste. De même dans une maison japonaise, la réalité d'une pièce se situerait dans l'espace délimité par ses murs et son plafond, plutôt que dans les murs et le plafond eux-même. Le pavillon de thé, archétype de l'architecture japonaise suggérant la vacuité et l'impermanence, s'appelle d'ailleurs aussi "chaseki" ou "demeure du vide".
Selon la philosophie taoiste, le Beau est donc quelque chose qui se suggère, se devine, et non pas quelque chose qui est déjà complètement révélé: c'est à l'observateur d'interpréter, de compléter une oeuvre, de remplir le vide, à partir des impressions et sentiments engendrés dans son esprit par une ébauche de motif, une texture, un soupcon de couleur, l'ombre d'une forme... Le vide n'est donc pas ici néant mais espace de suggestion.
Ainsi, la beauté d'un intérieur japonais résiderait dans les jeux d'ombre, les couleurs neutres, l'ébauche d'un motif sur une porte coulissante, la texture d'un tatamis, d'un mur ou d'une poutre, l'arbre que l'on apercoit dans la lumière du jardin...