Maisons et intérieurs du Japon    Maison et intérieurs du japon: caractéristiques 


A propos du vide...


"Le vide est tout puissant
car il peut tout contenir"
OKAKURA Kazuko - Le livre du thé - 1906


L'esthétique épurée des intérieurs traditionnels japonais a son origine dans le Taoisme, arrivé au Japon avec le boudhisme Zen. Selon le principe du Wu-Wei, ou principe d'action par la non action décrit dans le Tao Te King, le vide a, au sein d'une oeuvre d'Art, au moins autant d'importance que les formes esquissées par l'artiste. De même dans une maison japonaise, la réalité d'une pièce se situerait dans l'espace délimité par ses murs et son plafond, plutôt que dans les murs et le plafond eux-même. Le pavillon de thé, archétype de l'architecture japonaise suggérant la vacuité et l'impermanence, s'appelle d'ailleurs aussi "chaseki" ou "demeure du vide".

Selon la philosophie taoiste, le Beau est donc quelque chose qui se suggère, se devine, et non pas quelque chose qui est déjà complètement révélé: c'est à l'observateur d'interpréter, de compléter une oeuvre, de remplir le vide, à partir des impressions et sentiments engendrés dans son esprit par une ébauche de motif, une texture, un soupcon de couleur, l'ombre d'une forme... Le vide n'est donc pas ici néant mais espace de suggestion.

Ainsi, la beauté d'un intérieur japonais résiderait dans les jeux d'ombre, les couleurs neutres, l'ébauche d'un motif sur une porte coulissante, la texture d'un tatamis, d'un mur ou d'une poutre, l'arbre que l'on apercoit dans la lumière du jardin...

A lire :
La maison japonaise

de Alexandra Black
Photos de Noboru MURATA

livre maison japonaise
Autant le dire tout de suite, ce livre est plus qu'un beau livre sur la maison japonaise : c'est aussi un voyage dans l'art de vivre du Japon! Ce sont surtout les photos de Noboru Murata, toutes plus belles les unes que les autres, à la fois du point de vue de leur qualité intrinsèque que de leur objet, qui monopolisent l'attention du lecteur au premier abord, mais les textes explicatifs d'Alexandra Black sont également de grande qualité. Peu de théorie, l'architecture est ici d'abord esthétique, un plaisir des yeux ! (il ne manque plus que les odeurs du tatamis, du bois de cyprès, du jardin...).

En introduction, quelques mots sur l'esthétique au japon sont suivis d'une brève description des principaux materiaux utilisés dans la construction des maisons japonaises traditionnelles, que sont le bois, la paille, le bambou, le papier et la pierre, et qui contribuent à la continuité et à l'unité de l'architecture japonaise. Le corps du livre est constitué de 13 chapitres consacrés à autant de maisons japonaises, comme autant de catégories architecturales : cela va du pavillon thé à la maison moderne en béton, en passant par la maison de ville, le refuge de montagne, la "machiya" de Kyoto (maison de marchands), la ferme, l'auberge traditionnelle, la résidence de samourai, la "minka" avec son toit en chaume, la ferme restaurée, la villa impériale transformée en auberge, la résidence secondaire moderne à Hakone, la ferme transformée en maison de ville...

Pour chacun de ces exemples très choisis, et après une brève introduction, de magnifiques photos d'interieurs, de details architecturaux ou décoratifs, de jardins, etc., montrent la grande varieté des déclinaisons autour (et au delà ) du cliché "tatami / shoji". Certains des endroits photographiés sont d'autre part rarement montrés, comme l'atelier d'un artisan de laque, ou la "mizuya" d'un pavillon de thé (l'endroit ou les ustensiles sont lavés et rangés). On y découvre également à peu près toutes les pièces de la maison : de l'entrée à la chambre à coucher en passant par le bain, la cuisine ou le jardin, prolongement de la maison. On aurait véritablement envie de vivre dans chacune de ces maisons !







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