La maison japonaise: Tatamis Maison japonaise: caracteristiques  Maison japonaise: bambou



"Dans une pièce à tatamis, le coeur s'apaise"
Dicton populaire japonais

Origines

Si l'utilisation de nattes de paille pour s'isoler du sol froid est très ancienne, c'est "seulement" au 15e siècle que sont apparus au Japon les premiers mats de pailles épais que l'on déplaçait dans la maison selon les besoins (un peu comme comme un meuble).

L'empilement de ces nattes, qui, dans un souci de hiérarchie sociale au sein de la noblesse visait à établir une certaine hauteur par rapport au plancher, fut appelé tatami. Cette différenciation hiérarchique s'est également affinée selon le type de galon bordant le tatami, salon sa couleur, ses motifs...

Bien adapté au climat japonais, isolant du froid l'hiver, permettant néanmoins à l'air de circuler l'été, le tatamis s'est ensuite imposé, dans sa version épaisse comme le plancher idéal des pièces à vivre des habitations japonaises. C'est alors que, dans le but de recouvrir tout un espace, que ses dimensions se sont standardisées.

tatami

Fabrication

Le tatami est fabriqué à partir de paille de riz datant d'au moins un an: celle-ci est entortillée pour former des "cordes" d'environ 2 cm de diamètre, qui sont disposées en couches, imbriquées les unes avec les autres et liées avec du fil de chanvre. La paille ainsi superposée, entrecroisée, comprimée atteint une épaisseur d'environ 6 cm, et pèse une bonne dizaine de kilos. Elle est ensuite recouverte d'une couche de jonc "igusa", plus dure et un peu brillante, qui a une fonction protectrice. Le tatami est enfin bordé, dans le sens de la longueur, d'un galon en tissu uni ou à motifs.

Le tatami est donc un élément 100% naturel, dont la douceur visuelle et physique contribue à rendre l'atmosphère paisible et relaxante... Il est aussi périssable et doit être régulièrement changé, apportant dans une pièce ses couleurs plus soutenues et ses nouveaux parfums...

Tatamis et style de vie

Element caractéristique voire symbolique de la maison japonaise, le tatami est aussi indissociable d'un certain style de vie.

Ce style de vie correspond notament à la coutûme vivre sur le sol, avec l'utilisation de meubles et accessoires adaptés (futons, tables basses, plateaux, coffrets...). C'est aussi afin de protéger ces tatamis fragiles, que l'on aurait pris l'habitude de retirer ses chaussures en entrant dans une maison japonaise...

Plus symboliquement, le tatami est aussi un espace "individuel" multi-usage: sa dimension d'environ 1,80m x 90 cm correspond à l'espace nécessaire à un homme alongé: associé à un futon, le tatami devient "lit". Sur 2 tatamis, 2 personnes pourront s'assoir face à face devant un jeu de go, sur 4 tatami 1/2, 4 personnes peuvent être assis autour d'une table...

schema utilisation tatamis

C'est donc aussi l'utilisation du tatami qui permet l'usage multiple d'une pièce, pour le dormir, les repas, les réunions de personnes... et de s'affranchir de lits, chaises, tabourets et autres canapés!

Tatamis et architecture

La dimension du tatami est également devenu un standard, sur lequel se rapportent les dimensions de la maison : une pièce se mesure en nombre de tatamis, ceux-ci étant disposés selon le nombre suivant des schémas prédéfinis (voir ci-dessous quelques exemples de dispositions avec 3, 4 1/2 ou 6 tatamis). Et par extension, la surface des habitations se donnent encore de nos jours en "tsubo", avec 1 tsubo = 2 tatamis.

schema dispo tatamis

C'est enfin cette standardisation de dimension qui a débouché sur la modularisation des espaces chez les architectes occidentaux, dont Le Corbusier fût l'un des précurseur...
A lire :
La maison japonaise

de Alexandra Black
Photos de Noboru MURATA

livre maison japonaise
Autant le dire tout de suite, ce livre est plus qu'un beau livre sur la maison japonaise : c'est aussi un voyage dans l'art de vivre du Japon! Ce sont surtout les photos de Noboru Murata, toutes plus belles les unes que les autres, à la fois du point de vue de leur qualité intrinsèque que de leur objet, qui monopolisent l'attention du lecteur au premier abord, mais les textes explicatifs d'Alexandra Black sont également de grande qualité. Peu de théorie, l'architecture est ici d'abord esthétique, un plaisir des yeux ! (il ne manque plus que les odeurs du tatamis, du bois de cyprès, du jardin...).

En introduction, quelques mots sur l'esthétique au japon sont suivis d'une brève description des principaux materiaux utilisés dans la construction des maisons japonaises traditionnelles, que sont le bois, la paille, le bambou, le papier et la pierre, et qui contribuent à la continuité et à l'unité de l'architecture japonaise. Le corps du livre est constitué de 13 chapitres consacrés à autant de maisons japonaises, comme autant de catégories architecturales : cela va du pavillon thé à la maison moderne en béton, en passant par la maison de ville, le refuge de montagne, la "machiya" de Kyoto (maison de marchands), la ferme, l'auberge traditionnelle, la résidence de samourai, la "minka" avec son toit en chaume, la ferme restaurée, la villa impériale transformée en auberge, la résidence secondaire moderne à Hakone, la ferme transformée en maison de ville...

Pour chacun de ces exemples très choisis, et après une brève introduction, de magnifiques photos d'interieurs, de details architecturaux ou décoratifs, de jardins, etc., montrent la grande varieté des déclinaisons autour (et au delà ) du cliché "tatami / shoji". Certains des endroits photographiés sont d'autre part rarement montrés, comme l'atelier d'un artisan de laque, ou la "mizuya" d'un pavillon de thé (l'endroit ou les ustensiles sont lavés et rangés). On y découvre également à peu près toutes les pièces de la maison : de l'entrée à la chambre à coucher en passant par le bain, la cuisine ou le jardin, prolongement de la maison. On aurait véritablement envie de vivre dans chacune de ces maisons !






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