Michi : les voies du Japon


" Au Japon, on n'étudie pas un art pour l'amour de l'Art,
mais pour les clartés spirituelles qu'il dispense.
Si l'Art s'arrête à la forme extérieure,
s'il ne conduit pas aux profondeurs essentielles,
autrement dit s'il ne devient pas une forme de spiritualité,
le japonais ne l'estime pas digne d'être étudié."
D.T Suzuki   


Au japon, la pratique d'un Art a en effet une dimension généralement inconnue en occident. Reposant sur des valeurs et ideaux tant spirituels qu'esthétiques, la pratique d'un Art est une véritable "voie", un cheminement ayant pour objectifs la sérénité, l'harmonie du corps et de l'esprit, et, ultimement, tout comme le Zen avec lequel les Arts sont au Japon en relation étroite, la connaissance et la maitrise de soi-même, la Vérité et la prise de conscience de la place de l'homme dans l'univers...


Selon le principe taoiste de l'"économie des énergie", seule la concentration permet à l'homme de ne pas se disperser au cours de la réalisation d'une tâche et ainsi de ne pas gaspiller inutilement son énergie. La concentration est donc essentielle dans la pratique d'un Art, qui se rapproche ainsi de la méditation. La maitrise du geste, minimal, précis, passe par la maitrise de soi-même... Il ne s'agit pas de pratiquer l'Art pour l'Art, ou l'Art au service d'une idée, mais plutôt l'Art au service d'un développement personnel et spirituel, un moyen d'accomplissement.

L'acte créatif doit être un acte spontané, naturel, que des années de pratiques permettent d'exécuter sans effort, en suivant et utilisant les flux de nos énergies internes. L'accent est mis sur l'instant et le dynamisme: l'attention est dirigée vers l'action juste le temps nécessaire, et cette action est achevée avant de passer à la suivante. Pas d'allers et venues inutiles: il s'agit d "aller droit devant soi". Si ce principe est particulièrement évident dans le cas des arts martiaux, il est également mis en pratique dans un art tel que la calligraphie, où un caractère doit être peint en un seul souffle, et où tout retour en arrière ou correction est impossible. C'est d'ailleurs cet acte, ce processus de création, qui est important, plus encore que le produit ou le résultat final.

De même, les voies du Japon font fi des détails inutiles, ce qui est particulièrement évident lorsqu'on contemple une oeuvre "sumi-e" (peinture à l'encre) ou un arrangement floral, où seul l'essentiel est suggéré, et où les espaces vides ont aussi valeur d'expression. On retrouve d'ailleurs cette même idée du vide créateur dans toute l'esthétique japonaise, notament dans les intérieurs.

Dernière caractéristique commune, ces Arts reposent sur la transmission de "kata" (littéralement "moules"), c'est à dire un registre de motifs ou de gestes. Ces "kata" sont transmis par apprentissage auprès d'un maître, l'accent étant mis sur la pratique, beaucoup plus que sur le discours. Il s'agit plutôt d'une initiation, où le professeur ne fait que transmettre un savoir, sans qu'il en soit lui même à l'origine, et c'est seulement à force de pratique que l'élève (ou le disciple !) peut espérer se rapprocher d'un idéal, et peut-être devenir maître à son tour...



A venir : Judô, Aikidô, Karate-dô : Les Arts martiaux japonais



michi calligraphie


Le caractère "Michi", également prononcé "Dô" et que l'on traduit généralement par "chemin", "voie"...
A lire :
Living the Japanese Arts & Ways: 45 Paths to Meditation & Beauty

De H. E. Davey, illustr. S. Aibel
Editions Stone Bridge Press (2002)


livre Japanese arts and ways





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