Le Japon a une grande et longue tradition dans
la fabrication d'objets céramique ("yakimono" en Japonais). C'est au japon
qu'auraient été trouvés les plus vieux objets en
céramique au monde, et, non seulement l'archipel fait, encore aujourd'hui,
partie des grands pays producteurs et créateurs dans ce domaine, mais elle a largement influencée des générations de potiers au delà de ses frontières...
On recense plus d'une quarantaine d'"écoles" qui font également de la céramique japonaise un des plus variées et des plus riches au monde. Chacune de ces "écoles" est typiquement associée à une région (comme par exemple Bizen ou Seto) ou encore à un potier et sa descendance (comme par exemple la famille Kakiemon). Ce qui distingue chacune de ces "écoles" est souvent lié à la région ou elle est implantée, mais aussi à son histoire.
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L'argile utilisée: la composition de celle-ci varie non seulement selon les regions, mais également au sein d'une même région (selon par exemple qu'il s'agit d'une argile de rizière ou de montagne). Sa composition et sa consistence influencent la surface de la céramique. De même, les mineraux qu'elle contient en déterminent la couleur.
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Les techniques de cuisson employées (type de four, températures et temps de cuisson...): on distingue notament 2 types de fours: le four à chambre unique ("anagama"), et le four à plusieurs chambres ascendante ("noborigama"), d'origine coréenne et qui, grâce à un meilleur control de la température, permet une plus grande variété d'emaux. La poterie type Raku se cuit à température relativement basse, alors que la porcelaine requiert une haute température (1 400 degrés). Le type du bois de la région qui est brulé pour chauffer le four a également une influence sur le resultat final.
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Le style artistique: il s'agit là d'une évidence, un bol de thé de style Raku n'ayant pas grand chose à voir, ni dans sa forme (plus "rustique", plus spontanée), ni dans ses couleurs (plus "naturelles") avec un vase en porcelaine Imari à la forme parfaite, aux couleurs vives et aux dessins sophistiqués.
La variété des styles s'explique également par les différentes vagues d'influences étrangères: si celle de la Chine, notament pour la porcelaine, est bien connue, celle de la Corée et de ses potiers expatriés de force vers le Japon, a été déterminante, même si elle est moins mise en avant. La céramique coréenne est en particulier à l'origine du "raku" très prisé pour la cérémonie du thé, et qui exemplifie l'idée de "simplicité naturelle".
Parmi les principales "écoles", on peut notament citer les six régions ayant la plus longue tradition de céramique au Japon, et que l'on appelle "rokkôyo" en japonais. Ces six régions, Seto, Tokoname, Echizen, Shigaraki, Tamba et Bizen, produisent encore aujourd'hui des céramiques de très grande qualité, notament des bols et accessoires pour le thé, des plus rustiques aux plus sophistiqués.
A ces "rokkôyo", il faut ajouter Kyoto, qui reste le centre de création artistique du Japon, et qui produit notament de la porcelaine pour le marché domestique (kyô-yaki). Et puis les écoles de Kyushu, où l'influence coréenne a été la plus importante: Satsuma, Arita-Imari produisant depuis le 17e siècle des
porcelaines destinées à l'exportation
Au Japon, bien que de nombreux fours aient fermé ces dernières années, la céramique est encore très vivante: à la différence de l'occident, elle est véritablement considérée comme un Art, au même titre que la peinture ou la sculpture, et non pas simplement comme un art appliqué ou décoratif. De nombreux potiers font d'ailleurs partie de ces "trésors vivants", patrimoine à part entière du Japon traditionnel.
L'idée est que des objets simples et usuels, si ils sont beaux, apportent au quotidien richesse et plaisir, voire une certaine spiritualité... On trouve peut-être là une des leçons les plus importantes et les plus facilement applicables de l'art de vivre japonais!