Les arts de la table au Japon


"Le plateau de repas semble un tableau des plus délicat:
c'est un cadre qui contient sur fond sombre des objets variés
(bols, boites, soucoupes, baguettes, menus tas d'aliments,
un peu de gigembre, quelques brins de légumes orange,
un fond de sauce brune), et comme ces récipients et
ces morceaux de nourriture sont exigus et ténus,
mais nombreux, on dirait que ces plateaux accomplissent
la définition de la peinture"

Roland Barthes - L'empire des signes


Les repas font partie des grands plaisirs du Japon! Non seulement la cuisine y est délicieuse et saine, mais ces repas offrent au moins autant de plaisirs pour les yeux que pour le palais. Le contenu et son contenant, l'aspect irréprochable des aliments ainsi que l'Art et la manière dont ils sont présentés font qu'un repas japonais se déguste d'abord avec les yeux! Céramiques, bois laqués, arrangements décoratifs font ainsi parte des Arts de la table au même titre que la cuisine...


Diner japonais de Brochette
A lire :
L'empire des signes
de Roland Barthes

livre empire des signes Ce livre est une méditation sur la culture japonaise à travers ses signes. La langue et son écriture, la nourriture, sa présentation et son utilisation, la ville sans adresses et ses quartiers centrés autour des gares, l'espace et ses utilisations multiples, les arts, notament celui des Haikus, et l'importance donnnée aux sens... sont autant de ces "signes", réels ou imaginaires. Illustrant des différences culturelles profondes avec l'occident, ces signes sont, sous la plume de Barthes, littéralement mis à nus. Un essai assez facinant, sans doute plus accessible à ceux qui ont déjà été "là-bas"...

"Entièrement visuelle (pensée, concertée, maniée pour la vue, et même pour une vue de peintre, de graphiste), la nourriture dit par là qu'elle n'est pas profonde: la substance comestible est sans coeur précieux, sans force enfouie, sans secret vital: aucun plat japonais n'est pourvu d'un centre (centre alimentaire impliqué chez nous par le rite qui consiste à ordonner le repas, à entourer ou à napper les mets); tout y est ornement d'un autre ornement: d'abord parce que sur la table, sur le plateau, la nourriture n'est jamais qu'une collection de fragments, dont aucun n'apparaît privilégié par un ordre d'ingestion: manger n'est pas respecter un menu (un itinéraire de plats), mais prélever, d'une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d'une sorte d'inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l'accompagnement détaché, indirect, de la conversation (...)."






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